Daniel Darc, parrain posthume du rock français ?


Six mois après sa mort, l’ancien taulier de Taxi Girl prend peu à peu sa place parmi les héros disparus et légendaires du rock français à travers une série d’hommages plutôt bien troussés. En attendant un album posthume dont les contours ne sont pas encore connus (compilation, chutes de studio, reprises par des jeunes pousses ou autre), Daniel Darc rules.
Disparu le 28 février 2013, dans des circonstances qui n’ont étonné personne et qui, avant son retour de 1994, faisaient partie de son ordinaire, Daniel Darc a incarné, pour le grand public, l’image d’un rock poétique et en lutte (timide) contre ses mauvaises influences. Entre la pop léchée de Taxi Girl pendant la 1ère moitié des années 80 (le groupe se sépare en 1986), et une vie alternant ensuite albums solo et passages à vide, Daniel Darc aura été un artiste à éclipse, connu autant pour sa musique que pour ses excès en tous genres. La voix est fragile et le restera. Les textes sont noirs, poétiques, inspirés. Entre la Ville, produit par Dahoen 1988, et le magnifique Nijinsky, en 1994, Daniel Darc laisse passer la vie, ce qu’il fera à nouveau pendant dix ans jusqu’à Crève Cœur. Sa carrière est parsemée de chansons miraculeuses mêlant ses influences punk et une sensibilité qu’il est à quasi seul à posséder dans l’univers de la chanson française.
Avec sa mort, l’ange noir tend à prendre le pas, dans les mémoires, doucement sur un Bashung plus solide et qui aura eu une carrière beaucoup plus riche et finalement construite. Bashung l’alcoolo contre Darc le toxico. Il n’y aura pas de match mais deux traces majeures dans le rock d’hier et d’aujourd’hui que célèbrent à leur manière ces derniers jours, la jeune Berry qui peut se prévaloir d’avoir eu droit à la dernière prestation (et à la dernière offrande – une chanson) du maître sombre. Ses "Passagers" sont bien gentils. Darc fait une apparition dans le clip et donne à la jouvencelle un joli présent.

L’indispensable Matthieu Malon dont un nouvel album est annoncé pour le début d’année prochaine signe lui un bel hommage en chanson à son maître redécouvert. Ecarté d’un précédent travail car trop proche de l’univers Taxi Girl, son nouveau single (qui sort chez Monopsone) est une belle et grande chanson hommage, "à la manière de". Le titre reprend tout simplement la date de la disparition de Daniel Darc. La sobre pochette du single évitera aux mauvaises langues de parler d’opportunisme. L’Orléanais est irréprochable et n’a jamais eu besoin de surfer sur la vague pour (ne pas) faire parler de lui.  

Plus loin encore, le beau titre des manceaux d’Herissonic, les "Héros Perdus" évoque, comme on l’a déjà fait à plusieurs reprises, de bien belle manière, les rockeurs tombés pour la légende. Tout ceci est une histoire à dormir debout : les vivants, les morts, ceux qui chantent et ne chantent plus. Quelle différence ça fait ?

A chaque fois, on sent ici l’esprit de Darc qui respire, sourit et fait craquer ses os.

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